
francis heaulme : le routard du crime
Il traverse la France comme une ombre, sans attache, sans domicile fixe. On le croise sur les routes, sac au dos, l’air perdu, presque insignifiant. Mais derrière son apparence inoffensive se cache l’un des tueurs en série les plus imprévisibles de France. Francis Heaulme, surnommé "le routard du crime", sème la mort au gré de ses errances, frappant sans logique apparente, avec une froideur terrifiante.
Né en 1959 en Moselle, Francis Heaulme grandit dans une atmosphère étouffante. Son père, ancien militaire, est un homme autoritaire, violent, qui le rabaisse sans cesse. Il le bat régulièrement, lui inflige des humiliations constantes. Sa mère, elle, est malade et meurt alors qu’il n’a que 18 ans. Ce sera son premier choc, l’un des déclencheurs de son errance.
Atteint du syndrome de Klinefelter, une maladie génétique qui le prive de virilité et le fait paraître effacé, il est moqué, rejeté. Il devient un solitaire, incapable de s’intégrer, de nouer des relations normales. C’est sur les routes, à travers la France, qu’il trouve une forme de liberté… et un terrain de chasse idéal.
Une errance meurtrière
Heaulme ne tue pas par vengeance, ni pour un plaisir sexuel. Il tue parce que quelque chose "le prend", une montée de pulsion brutale et incontrôlable. Ses meurtres n’ont pas de logique apparente : des hommes, des femmes, des enfants… Il frappe au hasard, sans modus operandi précis.
Entre 1984 et 1992, il parcourt des milliers de kilomètres, en stop ou à pied, et laisse derrière lui au moins 11 victimes avérées, peut-être bien plus.
Il étrangle, il frappe, il étouffe, parfois sans raison. Il avoue sans émotion : "Quand ça monte, faut que ça sorte". Et après ? Il reprend sa route, disparaît dans la foule, s’efface.
L’affaire Montigny-lès-Metz : un coupable désigné, un innocent condamné
Le 28 septembre 1986, à Montigny-lès-Metz, deux enfants, Cyril Beining et Alexandre Beckrich, sont retrouvés assassinés à coups de pierre sur un talus de chemin de fer. L’horreur du crime secoue la région, et très vite, un suspect est désigné : Patrick Dils, un adolescent de 16 ans.
Sous la pression des enquêteurs, il avoue un crime qu’il n’a pas commis. Condamné en 1989 à la réclusion criminelle à perpétuité, il passe 15 ans en prison avant que la vérité éclate : Francis Heaulme était dans la région ce jour-là.
En 2002, grâce aux doutes sur l’enquête, Patrick Dils est acquitté, une erreur judiciaire qui hantera longtemps les annales criminelles françaises.
La chute du routard du crime
Pendant des années, Heaulme reste insaisissable. Son mode de vie nomade, ses crimes imprévisibles et sa capacité à disparaître après chaque meurtre compliquent la traque. Mais un homme va finir par le coincer : Jean-François Abgrall, un gendarme perspicace qui va lier les meurtres entre eux et reconstituer le puzzle.
Arrêté en 1992, Heaulme avoue rapidement plusieurs crimes, mais se joue des enquêteurs. Il brouille les pistes, donne des détails, puis se rétracte. Pourtant, la justice finit par l’attraper : il est condamné à plusieurs peines de réclusion criminelle à perpétuité pour ses meurtres.
Francis Heaulme purge aujourd’hui sa peine, enfermé, mais son parcours continue d’intriguer.